L'Afrique noire précoloniale

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Six ans après la parution de Nations Nègres et Culture, le professeur Cheikh Anta Diop publie, coup sur coup, en 1960, trois livres essentiels : L’Unité culturelle de l’Afrique Noire, L’Afrique Noire précoloniale et Les Fondements politiques, économiques, culturels, industriels, technologiques et scientifiques d’un futur État fédéral d’Afrique Noire. L’histoire africaine était née, au terme d’une recherche scientifique harassante mais riche en perspectives humaines, conduite avec désintéressement dans la solitude, pendant dix ans, au milieu d’épreuves de toutes sortes, recherche qui fut couronnée par un doctorat d’État ès lettres en Sorbonne. Son originalité fut rapidement reconnue. Depuis ce fracassant instant de rupture épistémologique d’avec les cartons ethnographiques et les oeillères de l’histoire africaniste, superficielle et anecdotique, le cadre général d’idées et de connaissances défini et dressé par le professeur Cheikh Anta Diop devenait bientôt, pour les jeunes chercheurs africains, une assurance et une incitation au travail. Toute comptabilité bien faite, Cheikh Anta Diop apparaît, dès le départ, comme le véritable inventeur, de nos jours, de l’histoire africaine.

L’Afrique Noire précoloniale est un livre de « sociologie historique africaine » ; les problèmes majeurs développés dans cet ouvrage - analyse de la notion de caste, économies, États, idéologies, techniques et sciences de l’Afrique ancienne, etc. - ont connu, grâce au travail récent de jeunes universitaires africains, des prolongements heureux. Cependant, il reste, pour sûr, des « territoires » non encore explorés qu’il faudra étudier, ardemment, à la suite du maître. La comparaison de l’évolution sociopolitique de l’Europe et de l’Afrique, de l’Antiquité aux Temps Modernes, et aussi et surtout, le problème épineux, complexe, d’un haut intérêt scientifique et humain, des migrations primaires et de l’ethno-genèse des peuples actuels de l’Afrique, devront faire l’objet d’études plus approfondies. Tout cela requiert une interdisciplinarité vivante par l’emploi croisé de l’archéologie, de la linguistique diachronique, de la tradition orale, de l’anthropologie culturelle, sans négliger, l’apport des sciences naturelles et physico-chimiques. Travail à mener toujours avec la rigueur exemplaire du professeur Cheikh Anta Diop dont l’influence intellectuelle sur les études africaines par les Africains reste indestructible. Le dialogue culturel et scientifique à l’échelle internationale entre les Africains et les autres est à ce prix.

Théophile Obenga

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Six ans après la parution de Nations Nègres et Culture, le professeur Cheikh Anta Diop publie, coup sur coup, en 1960, trois livres essentiels : L’Unité culturelle de l’Afrique Noire, L’Afrique Noire précoloniale et Les Fondements politiques, économiques, culturels, industriels, technologiques et scientifiques d’un futur État fédéral d’Afrique Noire. L’histoire africaine était née, au terme d’une recherche scientifique harassante mais riche en perspectives humaines, conduite avec désintéressement dans la solitude, pendant dix ans, au milieu d’épreuves de toutes sortes, recherche qui fut couronnée par un doctorat d’État ès lettres en Sorbonne. Son originalité fut rapidement reconnue. Depuis ce fracassant instant de rupture épistémologique d’avec les cartons ethnographiques et les oeillères de l’histoire africaniste, superficielle et anecdotique, le cadre général d’idées et de connaissances défini et dressé par le professeur Cheikh Anta Diop devenait bientôt, pour les jeunes chercheurs africains, une assurance et une incitation au travail. Toute comptabilité bien faite, Cheikh Anta Diop apparaît, dès le départ, comme le véritable inventeur, de nos jours, de l’histoire africaine.

L’Afrique Noire précoloniale est un livre de « sociologie historique africaine » ; les problèmes majeurs développés dans cet ouvrage - analyse de la notion de caste, économies, États, idéologies, techniques et sciences de l’Afrique ancienne, etc. - ont connu, grâce au travail récent de jeunes universitaires africains, des prolongements heureux. Cependant, il reste, pour sûr, des « territoires » non encore explorés qu’il faudra étudier, ardemment, à la suite du maître. La comparaison de l’évolution sociopolitique de l’Europe et de l’Afrique, de l’Antiquité aux Temps Modernes, et aussi et surtout, le problème épineux, complexe, d’un haut intérêt scientifique et humain, des migrations primaires et de l’ethno-genèse des peuples actuels de l’Afrique, devront faire l’objet d’études plus approfondies. Tout cela requiert une interdisciplinarité vivante par l’emploi croisé de l’archéologie, de la linguistique diachronique, de la tradition orale, de l’anthropologie culturelle, sans négliger, l’apport des sciences naturelles et physico-chimiques. Travail à mener toujours avec la rigueur exemplaire du professeur Cheikh Anta Diop dont l’influence intellectuelle sur les études africaines par les Africains reste indestructible. Le dialogue culturel et scientifique à l’échelle internationale entre les Africains et les autres est à ce prix.

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